lundi 24 septembre 2012

Trilateral Genshagen Summer Scool 2012 : a sustainable energy policy for Europe ?

J'avais envoyé ma candidature à cette université d'été entre 2 lettres de motivation pour un Service Volontaire et je suis vraiment heureuse d'avoir été retenue pour vivre cette aventure.

Imaginez-vous : vivre pendant 10 jours dans un château dans la périphérie de Berlin, à 20 minutes en bus de la gare de Ludwigsfelde, elle-même à 30 minutes en train de la gare centrale de Berlin. Nourris 4 fois par jour par un traiteur, logés dans le château-même ou dans la maison des invités, tout confort comme à l'hôtel. Invités chaque jour à assister à des cours magistraux, ateliers et rencontres informelles avec des professionnels sur les thèmes de la croissance verte, du nucléaire, des énergies renouvelables, du changement climatique et de la géopolitique. Tout cela gratuitement, et en l'agréable compagnie d'autres étudiants de master/doctorants/ingénieurs dans le domaine de l'énergie, de l'environnement ou des affaires européennes. Des étudiants majoritairement allemands, polonais et français.

La fondation Genshagen est une fondation qui se veut proposer une plateforme de dialogue et de coopération entre la France, l'Allemagne et la Pologne, les pays du triangle de Weimar.
L'énergie est un domaine d'autant plus intéressant qu'il existe de gros clivages dans nos politiques énergétiques nationales : la France en pointe du nucléaire, la Pologne devant abandonner le charbon à cause des directives européennes pour sauver le climat, l'Allemagne sortant du nucléaire pour devenir pionnière en termes d'énergies renouvelables. Comment pourrait-on penser une coopération dans le domaine de la politique énergétique avec des positions économiques et géopolitiques si figées ?
C'est ce dont nous avons débattu lors de cette université d'été à Genshagen.

Je vous laisse apprécier le cadre avant de vous raconter ce qui s'y est vraiment passé dans les faits...



JOUR 1 : Je rencontre en vrai Olympe, ma partenaire française d'exposé près du Starbucks de la gare de Berlin (on a les repères qu'on peut) (en fait Dunkin Donuts aurait été plus grand et plus visible puisque rose mais bon je connaissais pas). Nous déjeunons ensemble d'un wrap aux légumes et d'un jus de fruits frais, cette boutique super-bobo de la Hauptbahnhof a été une révélation dans ma vie !!
Après la digestion sur la pelouse entre la Kanzleramt et le Bundestag, nous nous rendons sur le quai pour prendre le S-Bahn en direction de Genshagen. Evidemment, il fut très facile de retrouver les 3/4 des étudiants s'y rendant avec leur valise et leur air naïf de "je vais à une université d'été et ça va être intellectuellement très stimulant". Je rencontre donc déjà Lara, allemande et Konrad, polonais, avec qui Olympe et moi avons préparé notre exposé sur la croissance verte.

Arrivés au château, nous prenons possession des lieux, j'habite donc cette ravissante maison au fond du jardin avec Lisa, allemande qui étudie à l'IEP de Strasbourg et qui se trouve être une ancienne colloc de Theresa mon amie allemande que j'ai connue à Sciences Po, du temps où elle habitait à Bruxelles. L'Europe est tellement petite :)


Ensuite, Schnitzeljagd ! Une chasse au trésor a été organisée pour nous a travers la propriété de Genshagen et nous devons répondre aux énigmes posées en nous promenant dans le parc, le château et ses alentours, jusque dans un pub où nous interrogeons le tavernier un peu bourru...

JOUR 2 Premier cours magistral sur la possibilité d'une politique européenne de l'énergie. Les polonais défendent avec hardiesse leur charbon et affirment que le nucléaire c'est l'avenir, normal ils sont ingénieurs en capture et stockage du charbon et en nucléaire.
Le soir, nous nous réunissons en groupe avec Olympe, Konrad, Lara et Carsten, le dernier joyeux larron allemand, pour retravailler notre exposé. 

JOUR 3 Deuxième cours magistral avec Rémi Bazillier, professeur français d'économie. Aaaah ça fait du bien de refaire de l'économie politique comme je l'aime ! L'après-midi, nous organisons l'atelier sur la croissance verte et nous présentons les perspectives de nos différents pays. Apparemment, pour l'Allemagne, le concept de croissance "durable" s'entend comme un taux de croissance qui dure dans le temps et non comme prenant en compte l'usage des ressources, etc. Et en Pologne, on pense que les européens sont obnubilés par le concept de "croissance verte", alors que tout ce que veulent les polonais, c'est de la croissance et de l'emploi ! Konrad s'est d'ailleurs bien moqué de nous en nous répétant "green growth" à tout bout de champ toute la journée...

JOUR 4 Nous partons de bonne heure de bonne humeur visiter le pôle d'excellence allemand, la Sophia Antipolis berlinoise... Berlin Adlershof !
Nous y avons vu des bâtiments Haute Qualité Environnementale super design, avec des photovoltaïques sur le toit et dans le jardin, des prises pour recharger des voitures, etc. On se croirait dans la ville du futur. Cela a un petit côté Star Trek assez grisant.
Nous passons le reste de la journée dans Berlin : East Side Gallery où je découvre un nouveau nounours à côté duquel me faire prendre en photo


le Mauerpark


et le quartier de Prenzlauenberg



Je mange une glace aux chamallows et fruits du dragon dans un salon de thé super conceptuel et je teste le KiBa, cocktail de cerise et banane dans la Kastanienallée. Nous retrouvons le groupe et repartons à Genshagen. Remarque : les polonais sont vraiment très polis. Vraiment plus polis que les français ou les allemands qui prennent aussi vite que possible leur place dans un taxi, tant pis s'ils laissent les filles attendre à la gare. Mais peut être parce que les polonais ont une bouteille de vodka pour s'occuper...
De retour au château commence dans le pub (ah j'ai omis de vous dire qu'il y avait un pub en self service ? Au temps pour moi !) une des plus grosses beuveries que j'ai vu de ma vie. Promis, j'ai été très sage, par contre les gens autour de moi ont décanillé 5 bouteilles de vodka pour 8 personnes dans la soirée. Eh ouai. Et après tout ça, au moment où je pensais vraiment que les polonais avaient touché le fond, Konrad vient m'expliquer que François Hollande devrait vraiment réformer le système fiscal et les retraites en France. Ils mangent des éponges au petit déjeuner, ou bien ??

JOUR 5 C'est le jour sur le nucléaire. Le prof polonais venait du Bureau pour la Réduction des Emissions (rebaptisé en Bureau pour la Transition vers une Economie Décarbonée) et était plutôt pessimiste pour la Pologne qui ne peut pas tellement s'offrir le nucléaire et en même temps ne veut pas accroître sa dépendance en gaz russe. Sinon, la Jägermeister, vous connaissez ?

JOUR 6 Le jour sur les énergies renouvelables. Le jeu de rôle sur la mise en service d'une éolienne dans une réserve Natura 2000 était hilarant. Le représentant de l'entreprise Vattenfall faisait froid dans le dos tellement il était convaincant face aux gugus de l'ONG "No killing birds".

JOUR 7 Le jour sur les négociations pour le climat. Mon jour préféré :) Egalement le jour où j'ai appris à l'ingénieur nucléaire polonais que j'étais membre de Greenpeace. Il a fait la même tête que lorsqu'il a appris aux allemands qu'il était ingénieur dans le nucléaire.

JOUR 8 Dernier cours magistral sur la géopolitique européenne de l'énergie. L'après-midi nous étudions en atelier les différents projets de gazoducs en Europe. Cela fait drôle de voir la semaine se terminer...La soirée devait se finir en barbecue mais il pleut, donc nous mangeons les saucisses et autres joyeusetés cuites au grill électrique ! Dernière soirée au pub et le lendemain matin nous faisons nos bagages...

Je ne connaissais pas le concept d'université d'été, à part celles proposées par les grands rendez-vous des partis politiques ou des associations. La Genshagen Summer School était d'autant plus particulière qu'elle était gratuite, qu'elle concernait les citoyens du Triangle de Weimar avant tout et qu'elle s'est déroulée dans un cadre extraordinaire, un château coupé du reste du monde...
C'était assez incroyable de se retrouver entre membres d'ONG, politologues et ingénieurs en énergie et finalement de ne discuter que de politique et d'énergie pendant plus d'une semaine.
J'imagine cependant que sur nos visages dans le train pour Berlin, on ne lisait pas seulement "je reviens d'une université d'été et c'était intellectuellement très stimulant".
Sur le mien en tous cas, on pouvait clairement lire "j'ai encore rencontré des gens formidables et que je suis triste de laisser, j'espère vraiment qu'on pourra se revoir un jour".

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