lundi 24 septembre 2012

Modenbacherhof (à vos souhaits !)

A peine de retour à Mayence (avec presque 1h de retard, comme quoi les trains allemands aussi peuvent être en retard !) (mais eux ils te remboursent d'office 25% du billet entre 30 et 60 minutes de retard sur les InterCityExpress), je pars pour une nouvelle aventure.
Là, par contre, ça n'est pas du tout le même genre que la vie au château à discuter de politique en mangeant 4 fois par jour. Je pars pour le premier séminaire du Volontariat Franco Allemand.
En fait, il y a 4 séminaires tout au long de l'année, 2 en France et 2 en Allemagne, qui réunissent tous les volontaires français et allemands qui vont travailler pendant un an pour l'écologie.
Si vous vous posez plus de questions sur comment on fait un VEFA et qu'est ce que c'est et tout ça, allez voir par ici

Certains comme moi vont travailler dans un bureau (je vais travailler pour Les Amis de la Terre version allemande, le BUND ou Bund für Umwelt- und Naturschutz Deutschland), par exemple à la déchetterie de Mayence ou à l'administration des eaux et forêts de Daun ; mais la plupart vont travailler dans des fermes ou des jardins d'enfants. En plus, le séminaire se déroule dans une ferme (le domaine du Modenbacherhof) donc le confort s'annonçait être...différent de celui de Genshagen.

Effectivement, je n'ai pas été déçue, le premier séminaire était sans doute l'expérience la plus roots de toute ma vie, passant devant le camping à Stavanger et même devant le travail chez Greenpeace à Oslo !!!
Nous avons passé une semaine dans cette ferme qui accueille des enfants ayant des troubles du comportement pour les mettre au contact de la nature et des animaux.

Pour le contact avec notre état de nature, nous avons été servis : nous avons dormi dans une grange pleine de paille et de courants d'air, bercés par les hennissements des chevaux et les ronflements des 20 autres personnes.



Qu'y a t-il de mieux que d'aller dire bonjour aux chevaux et aux lapins en se levant faire pipi à 4h du matin, je vous le demande ?!
Bon, soyons honnêtes, la première nuit j'ai envisagé plusieurs hypothèses :
1) me casser de ce trou au plus vite
2) me tirer une balle
3) ronchonner un peu, serrer les fesses et attendre que la semaine se termine.
Au final j'ai pas mal ronchonné mais j'ai survécu grâce à un deuxième sac de couchage et une opération commando contre les garçons qui "aiment bien respirer au grand air la fenêtre ouverte" la nuit.

Tout le monde m'a de suite repérée puisqu'un des premiers jeux pour faire connaissance consistait à se placer sur une carte imaginaire de l'Europe pour montrer d'où l'on venait. Vu que j'étais tout au Sud de l'autre côté de la cour, les gens se sont bien rappelés que je venais de la Réunion ^^
Ma côte de popularité n'a fait que grimper ensuite lorsqu'ils ont découvert à quel point je suis une fille cool (cher lecteur, donne toi aussi ton témoignage en commentaire ;P). Nan sans rire j'étais surtout la seule fille à se maquiller le matin (en même temps j'ai chopé froid dans le train et j'ai essayé de cacher la misère pour ne pas faire peur aux chevaux), vu que l'ambiance était très "hippie". Du coup on m'a affublée du titre de "Miss Monde". En même temps, du côté des filles allemandes surtout, on a vu des juxtapositions de tissus jamais reporté sur Terre auparavant. Je ne savais pas qu'on pouvait mettre ces couleurs ensemble mais après tout soit ! Oh et puis tiens un paréo et une ceinture, ça fait une robe...pourquoi pas !

En fait je dois surtout dire que mon amertume par rapport à ce séminaire se situe ici : j'ai été affiliée par la loi du sort au groupe des chevaux, alors que je voulais vraiment aller dans le groupe des lapins.
Mais il est parfois de ces tragédies dans la vie...



J'ai surmonté cette épreuve tant bien que mal en rencontrant les anciens volontaires, en goûtant les spécialités françaises et allemandes du buffet, en apprenant à faire du beurre aux herbes et du feu avec l'association URSAM, en faisant griller ma propre truite au barbecue (manquant ainsi de mourir par intoxication au monoxyde de carbone), en réparant un mur en moellon pour la ferme de Ruppertsberg et en coupant des bûches pour le Modenbacherhof.
Nous avons beaucoup ri avec les allemands, avec qui nous essayions de faire des blagues pour leur apprendre des mots, et vice versa en allemand.
Je suis vraiment admirative de l'équipe pédagogique qui a organisé le séminaire parce que les jeux qui nous ont été proposés étaient vraiment enrichissants. Par exemple, en atelier linguistique nous devions faire une course relai pour remplir sur une affiche un alphabet avec des mots voisins en français et en allemand. Nous devions mettre dans l'ordre les gens qui constituaient à eux mêmes une phrase en allemand (une personne = un mot)(de même pour les allemands en français). Ou alors, pendant l'atelier interculturel, nous étions groupés par table avec un dé et certaines règles du jeux. Mais lorsque l'on changeait de table, les règles du jeu changeaient également, sans que l'on puisse les expliquer de manière orale. Bref, tout ça pour nous montrer ce que ça fait "d'émigrer".

A la fin j'en avais un peu marre de vivre en communauté 24h sur 24, d'autant plus que ce n'était pas juste cette semaine là pour moi mais que j'ai vécu hors de mon "chez moi" et de mon confort routinier et habituel pendant près d'un mois... Et à la ferme, j'ai eu particulièrement du mal à me faire un peu d'intimité puisque du matin où je me réveillait au milieu de 20 autres personnes, je faisais la queue pour aller aux toilettes ou à la douche avec ces 20 autres personnes derrière moi, de même à l'heure des repas et pour aller se coucher...
J'ai aussi appris que j'aimais bien les travaux pratiques à petites doses, mais que je ferai une meilleure contribution pour l'humanité à m'asseoir derrière un bureau, réfléchir et rencontrer des gens avec qui changer le monde. Et surtout, j'ai appris combien je chérissais mon petit confort et à quel point, si j'étais un australopithèque, je mourrais au bout de 30 minutes dans la forêt.
J'espère vraiment que la fin du monde n'aura pas lieu cette année, parce que je serai une des premières à trépasser. L'avantage pour vous, c'est que vous pourrez me manger.

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