mercredi 26 septembre 2012

Rosenmarkt à Zweibrücken

Encore un week end en mission spéciale pour du fund raising...
Cette fois-ci à Zweibrücken dans le Sud de la Rhénanie-Palatinat, à la frontière avec la Sarre et la France !

Idem que pour le dernier marché, je ne vous en dis pas plus et vous laisse admirer un des plus beaux jardins de roses d'Europe...






PS : si en fait je vais vous parler de ce que j'ai mangé quand même. J'ai mangé du Zwiebelrostbraten avec des Spätzle, c'est du rôti de boeuf avec des oignons et des Spätzle, qui sont des espèces de nouilles à base de pomme de terre, on en mange aussi dans l'Est de la France. J'ai aussi mangé du Grillschinken im Weck, c'est à dire une tranche de jambon grillé dans un petit pain. Et une soupe de potiron. Et on a triché on est allé mangé dans un resto des Balkans (Blaue Adria), c'était pas allemand mais c'était excellent. J'ai mangé du riz avec des légumes genre poivrons, aubergines, tomates. Ca fait du bien de faire une pause du pain/patate :)

Première remarques en infiltration

Parce qu'après tout, c'est aussi ça que vous attendez de moi, du scoop, du croustillant, du "comment c'est de l'autre côté du Rhin". Alors je vous livre les premières remarques de mon étude approfondie du peuple allemand commencée il y a plus d'un mois maintenant.
NDLR: ces remarques sont fondées sur des faits réels et récurrents vécus par votre apprentie-sociologue préférée. Tout fait exceptionnel ne vise en aucun cas à être ici généralisé, mais bon quand même c'est un truc chelou alors j'avais envie de le partager avec vous.
Alors pour toi public, en guest star et en vrac :

- il y a beaucoup de distributeurs de cigarettes dans les rues

- il y a des bibliothèques en libre-service dans les villes. Un peu comme une mini bibliothèque dans une cage en verre qu'on peut ouvrir pour prendre et laisser un livre.

- beaucoup de femmes allemandes boitent. Je n'ai encore pas trouvé d'explication rationnelle à ça.

- les allemands aiment leurs gâteaux carrés. Les rouleaux de pâte feuilletée/brisée/à tarte dans les magasins sont rectangulaires.

- les allemands mangent tout le temps et à n'importe quelle heure. En même temps ils ont inventé tout un tas de trucs à grignoter : les bretzels, les Knackenbrot, les brötchen, les bretzels dans le Spundkäse...

- l'intérieur des toilettes allemandes n'est pas conçu comme celui des toilettes françaises. Quand on fait caca sur des toilettes allemandes, eh ben on peut pas faire plouf. Parce que le caca ne coule pas directement dans l'eau comme l'explique très bien cet article de source très savante

- comme en Norvège, les allemands achètent leur yaourt (je ne parle pas des crèmes dessert ou des yaourts au muësli/gâteaux de semoule/riz au lait...) par pots de 250g, 500g ou 1kg. Mais le yaourt allemand est très fluide, je préfère largement le Quark, qui est un mélange de fromage blanc et de yaourt. Et comme en Norvège, j'ai trouvé du fromage à tartiner au poivron rouge <3

- Avis de recherche : vous le kiffiez et il vous avait manqué, retrouvez cette année les aventures du shampoing pour la foufoune ! Après ses aventures au Cameroun, j'avais décidé de faire light sur mes bagages et je suis partie sans en pensant en trouver dans ce pays bien hygiénique et hygiéniste qu'est l'Allemagne.
J'ai fait toutes les drogueries (les produits d'hygiène se trouve essentiellement dans des magasins spécialisés comme Rossmann, DM, etc.) et je cherche toujours.
A moins que quelqu'un ne m'explique par commentaire dans quel rayon il faut chercher dans la droguerie (âme charitable, fais ton oeuvre !) je pense que je vais devoir me résoudre à demander en allemand où trouver un tel produit. J'ai peur de devoir retourner à la pharmacie à côté du bureau. La même qui m'a servie pour mes ampoules.

C'est tout pour aujourd'hui, j'espère que ça vous a plu :)

lundi 24 septembre 2012

Feldmaus vs. Fledermaus

Tant qu'à parler d'enchainer les catastrophes, voilà une histoire qui va bien vous faire rire.

Jeudi, ma collègue Eva-Maria me propose de m'emmener avec elle à Prüm dans la région de Bitburg (là où mon papa a fait son service militaire) car elle doit rencontrer un expert pour l'aider sur son projet. En gros, Eva-Maria s'occupe d'un projet qui s'appelle le Westwall, le rempart à l'Ouest : au temps de la 1ère guerre mondiale mais surtout avec les nazis, les bunkers à la frontière Ouest de l'Allemagne, avec la France et le Luxembourg, se sont multipliés. Aujourd'hui désaffectés, ils servent de refuges aux chats sauvages (qu'on essaie de sauver rappelez-vous) et à plein d'autres animaux.

Donc je pars en voiture avec Eva-Maria pour aller rencontrer un expert des "Feldmäuse", et Google Traduction m'informe que ce sont des souris des champs. Je me dis "chouette !" (oui, je milite pour l'utilisation prolongée du mot chouette dans la langue française), on va aller observer les nids des petites souris dans les bunkers, ça va être trop chou (vous voyez, le mot chouette se marie très bien avec le mot chou!) !
Et puis nous arrivons chez l'expert, qui nous ouvre la porte et reste au téléphone pendant 20 minutes (les gens du coin sont spéciaux d'après Eva-Maria), ce qui nous laisse le temps d'admirer la décoration.
Et là, je commence à tilter. Je vois des dessins d'enfants, des portes torchons, des cadres-photos, des chandeliers à l'effigie de chauves-souris...Eva-Maria me les montre du doigt en souriant. Hum. Je lui demande de répéter le nom de l'animal : "Fledermaus".
Se pourrait-il que j'ai confondu ?? Mal entendu peut être ? Ou Google Traduction m'aurait-il trompée ?? Non mon meilleur ami, ça ne peut être vrai !! Ce serait tellement tragique !!
J'attends donc d'être sur les lieux pour avoir confirmation. L'expert nous montre des brisures dans la roche et des morceaux de ferraille au plafond sur lesquels les "Fledermäuse" sont censées d'accrocher. Pas de doute, il s'agit d'un abri à chauves-souris et non à souris des champs !!! Et effectivement, les Feldmäuse sont bien des souris des champs. Avouez qu'à quelques lettres près la confusion était probable...le tout enroulé dans un accent de Rhénanie du Nord-Wesphalie que j'ai du mal à comprendre et Eva-Maria m'a emballée !

Bref, nous avons vu les endroits où les chauves-souris vivent la nuit (là forcément c'était le jour donc elles n'étaient pas là) (OUF). Dans des bunkers. Plein de bunkers. Trop de bunkers. Au bout du 7ème j'avais déjà envie de me tirer une balle. Mais il restait encore de quoi tourner et virer dans la forêt, monter et descendre de la voiture pour voir encore d'autres bunkers...

Mais au final, la route était si belle... nous avons traversé une vallée dont les flancs n'étaient plantés que de vignes, et puis nous sommes passées quelque part près de Mülheim sur Moselle sur un pont absolument magnifique. Alors je pouvais bien visiter quelques autres bunkers à chauves-souris :)

Avez-vous déjà...eu l'impression d'être la personne la plus stupide au monde ?

En revenant au boulot mardi, mon patron est en séminaire pour la semaine. Problème : il ne m'a pas laissé de boulot particulier à faire ! Du coup, à part les photocopies et le courrier, je n'ai rien à me mettre sous le poignet (ben oui je travaille ni avec les dents, ni avec les coudes !).

J'en ai profité pour réfléchir à mon projet. J'ai pensé à quelque chose mais je ne veux pas encore l'exposer ici, il ne manquerait plus que quelqu'un me pique ma brillante idée (non mais !).
Et puis je ne sais pas si cela va plaire à l'équipe et s'ils me font confiance pour monter seule un si gros projet (vous me connaissez, j'ai prévu large), surtout avec mon niveau actuel d'allemand.
Et là vous pensez "roooooh lala mais arrête tu gères la fougère en allemand"...mais voyez-vous ce n'est pas du tout la même chose de débarquer en Norvège et de baragouiner en anglais avec des gens dont l'anglais n'est pas non plus la langue maternelle et débarquer en Allemagne où tout le monde parle à 300km/h comme si de rien n'était en argot, avec leur accent et leur dialecte ! Et puis je suis "l'étrangère" de service donc je met 3 plombes à faire une phrase, et encore le verbe n'est jamais à la bonne place, conjugué au bon temps et je ne vous parle pas de mes articles.

Enfin, j'ai réussi à aller à la pharmacie et à dire "Bonjour madame, je voudrais une solution désinfectante s'il vous plaît. J'ai de très vilaines ampoules, j'ai essayé de perforer avec une aiguille et un fil. D'habitude, ça marche. Mais là, ça ne marche pas, c'est rouge, j'ai mal et je dois encore marcher 20 minutes jusqu'à chez moi. Vous avez aussi des pansements ?". Comme quoi sous la pression on se débrouille plutôt bien !
Oui, alors cette histoire d'ampoules, j'en profite pour vous la raconter. En gros, le premier jour je suis arrivée au boulot avec mes talons, enfin des vrais chaussures après 15 jours passés à la ferme avec mes baskets de 3ème (celles de 4ème sont mortes il y a peu) moches comme des chaussures d'EPS.
Eh ben c'était pas une bonne idée parce que mon boss m'a envoyée promener en ville avec la stagiaire, avec pour mission de m'acheter un agenda ("très important, tu vas noter tous tes rendez-vous dedans, toutes les conférences et réunions auxquelles tu dois assister !!") et un rouleau pour une calculatrice qui imprime sur un petit reçu (oui, ce truc paléolithique ancêtre d'Excel) (nan mais sérieux, qui utilise encore ça ???). Vous vous doutez bien que nous avons parcouru tout Mayence pour ne trouver en aucun cas le fameux rouleau !!
Bref, j'ai eu des ampoules. J'ai passé une aiguille et un fil dedans en désinfectant avec du gel antibactérien pour les mains. Ben c'était pas assez, c'est devenu rouge, chaud, gonflé, moche et très douloureux. J'ai regardé sur Internet pour savoir quoi faire de plus, mauvaise idée, je suis tombée sur le forum de Doctissimo qui t'explique qu'un mec a failli se faire amputer de l'orteil à cause d'une ampoule...c'est parti je voyais déjà mon ampoule de 5 cm de long virer en abcès, puis en gangrène et en septicémie avec le Dr Carter qui me fait coucou au dessus d'un lit d'hôpital (oui j'ai trop regardé Urgences).
La morale de l'histoire : faites vos stocks de désinfectant et faites gaffe à vos pieds, les ampoules sont de vraies saletés. D'ailleurs le désinfectant que j'ai ne sent pas l'alcool, il sent l'encre pour stylo bille et ne pique pas, j'étais sceptique (dans le sens de perplexe, pas dans le sens de la septicémie).

Je ne sais pas si c'est le contexte du coup, mais j'ai l'impression d'être encore plus maladroite que d'habitude, comme si je devais donner raison aux gens autour de croire que je suis une vraie débile profonde qui, en plus de pas savoir aligner 3 mots, marche bizarre (à cause des ampoules), fait des grimaces chelou (à cause des ampoules)(ou parce que je comprend pas ce qu'on me dit), met 3 plombes à ouvrir la bouteille d'eau, renverse la bouteille d'eau, fout des miettes partout, fait 3 fois le couloir pour trouver la poubelle...Mais bon, c'est aussi sympa de pas avoir la pression et peut être qu'un de ces quatre je vais carrément les épater à faire un truc basique dont ils ne me pensent pas capable :)

Week end à l'Europäischer Bauernmarkt de Kusel

A peine le temps de m'installer derrière mon bureau avec ma tasse de thé vert fair trade et mes grosses chaussettes (tout le monde se balade en débraillé, pieds nus ou en chaussettes au bureau alors je m'acculture et je troque blazer et talons pour polaire et chaussettes), qu'on m'affecte à une mission spéciale.

Nous sommes mercredi 16h et mon patron m'envoie avec Dieter, le responsable du fund raising (celui qui collecte des sous en faisant des adhésions pour l'association quoi) sur un marché à Kusel, à 1h30 de Mayence. C'est un marché avec des produits du terroir de l'Allemagne à l'Italie en passant par la France, la Hongrie et la Finlande (ami lecteur, tu peux t'amuser à replacer ces pays dans leur ordre géographique !). En gros, BUND doit y tenir un stand car après tout, les amis de la campagne, du terroir et du bio sont aussi des amis de l'environnement et de la nature.

En théorie, j'étais censée y aller seulement pour aider à mettre en place le matériel et tenir le stand le temps que Dieter aille aux toilettes ou s'acheter à manger.

En parlant de manger, si je voulais vous prouver qu'en Allemagne on ne mange pas que du porc en sauce avec des patates, c'est râpé pour ce week end ! Au menu :
- vendredi soir : Schnitzel (viande de porc panée) et frites
- samedi midi : Weisspfanne soit de la salade de chou avec du porc-sauce-oignons, crème fraîche et raisins blanc
- samedi soir : Filet de porc et Röstis (pommes de terre râpées et frites en forme de triangle)
- dimanche midi : Grumbeere Waffel, de la pomme de terre écrasée avec des oignons et lardons en forme de gaufre

En pratique, j'ai quand même parlé avec les gens sur le stand, surtout avec les enfants : il y avait un jeu de "cherche à quel animal appartiennent ces empreintes" et il a suffit que j'apprenne le nom des animaux et comment expliquer la différence entre les empreintes pour pouvoir communiquer. Bon, en l'occurrence mon discours devait ressembler à ça : "non, ça pas blaireau, blaireau a 5 doigts et des griffes ! ici chat parce que pas de griffes, griffes rentrées ! ça renard et ça bébé ours, oui bravo !"
D'ailleurs une petite peste sur le stand m'a dit "tu parles bizarrement, est-ce que tu viens d'un autre pays où on parle une autre lange ??" J'aurais dû lui dire un truc méchant en français qu'elle n'aurait pas compris. Ou pire j'aurais pu la moukater en créole avec le sourire...
Il y avait de toutes manières pas mal d'adultes que je ne pouvais pas comprendre parce qu'ils parlaient avec de très forts accents, ou pire, ils parlaient dans leurs dialectes. Imaginez-vous : à la place de "diese" (prononcer dizeu) ils disaient "desto", à la place de "Morgen", ils disaient "Moinsch"...le tout avec le short en cuir, les bretelles et les moustaches frisées tant qu'à faire, COMBO !



N'empêche que je suis assez fière de moi et apparemment j'ai fait bonne impression à Dieter aussi parce que la dernière bénévole à l'avoir accompagné sur un stand n'était vraiment pas douée avec les enfants et ne s'est pas occupée autant d'animer le stand que moi avec mes 3 mots de vocabulaire.
Du coup je réfléchis peut être à réaliser mon projet dans l'éducation à l'environnement...

Premiers jours à BUND

A peine revenue de Mondenbacherhof, juste le temps de faire une lessive, d'aller chez Burger King et de passer une bonne nuit chaude dans un lit confortable et hypoallergénique, et me voilà au bureau de bonne heure de bonne humeur ce lundi 10 septembre à 9h !

Mon patron Michael me reçoit et me présente au reste du bureau que je ne connais pas encore, avant de m'emmener en salle de réunion pour me faire mon premier briefing d'introduction.
Il m'a briefée, on s'est débriefés et je lui ai fait un feedback quoi.
Après m'avoir présenté mon nouveau bureau en face du sien, mon nouvel ordinateur et mon compte Outlook avec mes e-mails tous frais, j'ai été introduite à la carte de la Rhénanie Palatinat (la région autour de Mayence qu'on appelle un "Land", parce que l'Allemagne est un état fédéral avec plusieurs "Länder").
Mayence étant la capitale de la Rhénanie Palatinat, il y a plein de petites régions que l'on appelle "Kreis" à l'intérieur. Eh oui, jusque dans son organisation territoriale l'Allemagne est très organisée. Enfin c'est un peu comme nous en France sauf que Napoléon n'est pas passé par là pour imposer un Code Civil, des préfectures et des départements !
Il y a des groupes de BUND dans toutes ces sub-entités et je vais devoir apprendre à les connaître et savoir qui y travaille. Je vais commencer par mettre à jour les petites aiguilles de couleurs avec les noms des responsables sur la carte. Et puis je vais lire un peu ce que fait BUND dans différents domaines et quelles sont ses positions.
Je suis aussi responsable d'affranchir le courrier avec une machine à affranchir (qui parle allemand, je vous raconte pas l'angoisse après la photocopieuse !) et de l'apporter à la Poste. Je dois aussi avec les stagiaires aller relever le courrier de BUND dans d'autres organisations comme la Fondation pour la Protection de la Nature ou le Landtag, le Parlement de Rhénanie Palatinat.
Et puis je dois réfléchir un peu à mon projet...eh oui parce que je dois mener à bien mon propre projet au sein de BUND cette année :D

Modenbacherhof (à vos souhaits !)

A peine de retour à Mayence (avec presque 1h de retard, comme quoi les trains allemands aussi peuvent être en retard !) (mais eux ils te remboursent d'office 25% du billet entre 30 et 60 minutes de retard sur les InterCityExpress), je pars pour une nouvelle aventure.
Là, par contre, ça n'est pas du tout le même genre que la vie au château à discuter de politique en mangeant 4 fois par jour. Je pars pour le premier séminaire du Volontariat Franco Allemand.
En fait, il y a 4 séminaires tout au long de l'année, 2 en France et 2 en Allemagne, qui réunissent tous les volontaires français et allemands qui vont travailler pendant un an pour l'écologie.
Si vous vous posez plus de questions sur comment on fait un VEFA et qu'est ce que c'est et tout ça, allez voir par ici

Certains comme moi vont travailler dans un bureau (je vais travailler pour Les Amis de la Terre version allemande, le BUND ou Bund für Umwelt- und Naturschutz Deutschland), par exemple à la déchetterie de Mayence ou à l'administration des eaux et forêts de Daun ; mais la plupart vont travailler dans des fermes ou des jardins d'enfants. En plus, le séminaire se déroule dans une ferme (le domaine du Modenbacherhof) donc le confort s'annonçait être...différent de celui de Genshagen.

Effectivement, je n'ai pas été déçue, le premier séminaire était sans doute l'expérience la plus roots de toute ma vie, passant devant le camping à Stavanger et même devant le travail chez Greenpeace à Oslo !!!
Nous avons passé une semaine dans cette ferme qui accueille des enfants ayant des troubles du comportement pour les mettre au contact de la nature et des animaux.

Pour le contact avec notre état de nature, nous avons été servis : nous avons dormi dans une grange pleine de paille et de courants d'air, bercés par les hennissements des chevaux et les ronflements des 20 autres personnes.



Qu'y a t-il de mieux que d'aller dire bonjour aux chevaux et aux lapins en se levant faire pipi à 4h du matin, je vous le demande ?!
Bon, soyons honnêtes, la première nuit j'ai envisagé plusieurs hypothèses :
1) me casser de ce trou au plus vite
2) me tirer une balle
3) ronchonner un peu, serrer les fesses et attendre que la semaine se termine.
Au final j'ai pas mal ronchonné mais j'ai survécu grâce à un deuxième sac de couchage et une opération commando contre les garçons qui "aiment bien respirer au grand air la fenêtre ouverte" la nuit.

Tout le monde m'a de suite repérée puisqu'un des premiers jeux pour faire connaissance consistait à se placer sur une carte imaginaire de l'Europe pour montrer d'où l'on venait. Vu que j'étais tout au Sud de l'autre côté de la cour, les gens se sont bien rappelés que je venais de la Réunion ^^
Ma côte de popularité n'a fait que grimper ensuite lorsqu'ils ont découvert à quel point je suis une fille cool (cher lecteur, donne toi aussi ton témoignage en commentaire ;P). Nan sans rire j'étais surtout la seule fille à se maquiller le matin (en même temps j'ai chopé froid dans le train et j'ai essayé de cacher la misère pour ne pas faire peur aux chevaux), vu que l'ambiance était très "hippie". Du coup on m'a affublée du titre de "Miss Monde". En même temps, du côté des filles allemandes surtout, on a vu des juxtapositions de tissus jamais reporté sur Terre auparavant. Je ne savais pas qu'on pouvait mettre ces couleurs ensemble mais après tout soit ! Oh et puis tiens un paréo et une ceinture, ça fait une robe...pourquoi pas !

En fait je dois surtout dire que mon amertume par rapport à ce séminaire se situe ici : j'ai été affiliée par la loi du sort au groupe des chevaux, alors que je voulais vraiment aller dans le groupe des lapins.
Mais il est parfois de ces tragédies dans la vie...



J'ai surmonté cette épreuve tant bien que mal en rencontrant les anciens volontaires, en goûtant les spécialités françaises et allemandes du buffet, en apprenant à faire du beurre aux herbes et du feu avec l'association URSAM, en faisant griller ma propre truite au barbecue (manquant ainsi de mourir par intoxication au monoxyde de carbone), en réparant un mur en moellon pour la ferme de Ruppertsberg et en coupant des bûches pour le Modenbacherhof.
Nous avons beaucoup ri avec les allemands, avec qui nous essayions de faire des blagues pour leur apprendre des mots, et vice versa en allemand.
Je suis vraiment admirative de l'équipe pédagogique qui a organisé le séminaire parce que les jeux qui nous ont été proposés étaient vraiment enrichissants. Par exemple, en atelier linguistique nous devions faire une course relai pour remplir sur une affiche un alphabet avec des mots voisins en français et en allemand. Nous devions mettre dans l'ordre les gens qui constituaient à eux mêmes une phrase en allemand (une personne = un mot)(de même pour les allemands en français). Ou alors, pendant l'atelier interculturel, nous étions groupés par table avec un dé et certaines règles du jeux. Mais lorsque l'on changeait de table, les règles du jeu changeaient également, sans que l'on puisse les expliquer de manière orale. Bref, tout ça pour nous montrer ce que ça fait "d'émigrer".

A la fin j'en avais un peu marre de vivre en communauté 24h sur 24, d'autant plus que ce n'était pas juste cette semaine là pour moi mais que j'ai vécu hors de mon "chez moi" et de mon confort routinier et habituel pendant près d'un mois... Et à la ferme, j'ai eu particulièrement du mal à me faire un peu d'intimité puisque du matin où je me réveillait au milieu de 20 autres personnes, je faisais la queue pour aller aux toilettes ou à la douche avec ces 20 autres personnes derrière moi, de même à l'heure des repas et pour aller se coucher...
J'ai aussi appris que j'aimais bien les travaux pratiques à petites doses, mais que je ferai une meilleure contribution pour l'humanité à m'asseoir derrière un bureau, réfléchir et rencontrer des gens avec qui changer le monde. Et surtout, j'ai appris combien je chérissais mon petit confort et à quel point, si j'étais un australopithèque, je mourrais au bout de 30 minutes dans la forêt.
J'espère vraiment que la fin du monde n'aura pas lieu cette année, parce que je serai une des premières à trépasser. L'avantage pour vous, c'est que vous pourrez me manger.

Trilateral Genshagen Summer Scool 2012 : a sustainable energy policy for Europe ?

J'avais envoyé ma candidature à cette université d'été entre 2 lettres de motivation pour un Service Volontaire et je suis vraiment heureuse d'avoir été retenue pour vivre cette aventure.

Imaginez-vous : vivre pendant 10 jours dans un château dans la périphérie de Berlin, à 20 minutes en bus de la gare de Ludwigsfelde, elle-même à 30 minutes en train de la gare centrale de Berlin. Nourris 4 fois par jour par un traiteur, logés dans le château-même ou dans la maison des invités, tout confort comme à l'hôtel. Invités chaque jour à assister à des cours magistraux, ateliers et rencontres informelles avec des professionnels sur les thèmes de la croissance verte, du nucléaire, des énergies renouvelables, du changement climatique et de la géopolitique. Tout cela gratuitement, et en l'agréable compagnie d'autres étudiants de master/doctorants/ingénieurs dans le domaine de l'énergie, de l'environnement ou des affaires européennes. Des étudiants majoritairement allemands, polonais et français.

La fondation Genshagen est une fondation qui se veut proposer une plateforme de dialogue et de coopération entre la France, l'Allemagne et la Pologne, les pays du triangle de Weimar.
L'énergie est un domaine d'autant plus intéressant qu'il existe de gros clivages dans nos politiques énergétiques nationales : la France en pointe du nucléaire, la Pologne devant abandonner le charbon à cause des directives européennes pour sauver le climat, l'Allemagne sortant du nucléaire pour devenir pionnière en termes d'énergies renouvelables. Comment pourrait-on penser une coopération dans le domaine de la politique énergétique avec des positions économiques et géopolitiques si figées ?
C'est ce dont nous avons débattu lors de cette université d'été à Genshagen.

Je vous laisse apprécier le cadre avant de vous raconter ce qui s'y est vraiment passé dans les faits...



JOUR 1 : Je rencontre en vrai Olympe, ma partenaire française d'exposé près du Starbucks de la gare de Berlin (on a les repères qu'on peut) (en fait Dunkin Donuts aurait été plus grand et plus visible puisque rose mais bon je connaissais pas). Nous déjeunons ensemble d'un wrap aux légumes et d'un jus de fruits frais, cette boutique super-bobo de la Hauptbahnhof a été une révélation dans ma vie !!
Après la digestion sur la pelouse entre la Kanzleramt et le Bundestag, nous nous rendons sur le quai pour prendre le S-Bahn en direction de Genshagen. Evidemment, il fut très facile de retrouver les 3/4 des étudiants s'y rendant avec leur valise et leur air naïf de "je vais à une université d'été et ça va être intellectuellement très stimulant". Je rencontre donc déjà Lara, allemande et Konrad, polonais, avec qui Olympe et moi avons préparé notre exposé sur la croissance verte.

Arrivés au château, nous prenons possession des lieux, j'habite donc cette ravissante maison au fond du jardin avec Lisa, allemande qui étudie à l'IEP de Strasbourg et qui se trouve être une ancienne colloc de Theresa mon amie allemande que j'ai connue à Sciences Po, du temps où elle habitait à Bruxelles. L'Europe est tellement petite :)


Ensuite, Schnitzeljagd ! Une chasse au trésor a été organisée pour nous a travers la propriété de Genshagen et nous devons répondre aux énigmes posées en nous promenant dans le parc, le château et ses alentours, jusque dans un pub où nous interrogeons le tavernier un peu bourru...

JOUR 2 Premier cours magistral sur la possibilité d'une politique européenne de l'énergie. Les polonais défendent avec hardiesse leur charbon et affirment que le nucléaire c'est l'avenir, normal ils sont ingénieurs en capture et stockage du charbon et en nucléaire.
Le soir, nous nous réunissons en groupe avec Olympe, Konrad, Lara et Carsten, le dernier joyeux larron allemand, pour retravailler notre exposé. 

JOUR 3 Deuxième cours magistral avec Rémi Bazillier, professeur français d'économie. Aaaah ça fait du bien de refaire de l'économie politique comme je l'aime ! L'après-midi, nous organisons l'atelier sur la croissance verte et nous présentons les perspectives de nos différents pays. Apparemment, pour l'Allemagne, le concept de croissance "durable" s'entend comme un taux de croissance qui dure dans le temps et non comme prenant en compte l'usage des ressources, etc. Et en Pologne, on pense que les européens sont obnubilés par le concept de "croissance verte", alors que tout ce que veulent les polonais, c'est de la croissance et de l'emploi ! Konrad s'est d'ailleurs bien moqué de nous en nous répétant "green growth" à tout bout de champ toute la journée...

JOUR 4 Nous partons de bonne heure de bonne humeur visiter le pôle d'excellence allemand, la Sophia Antipolis berlinoise... Berlin Adlershof !
Nous y avons vu des bâtiments Haute Qualité Environnementale super design, avec des photovoltaïques sur le toit et dans le jardin, des prises pour recharger des voitures, etc. On se croirait dans la ville du futur. Cela a un petit côté Star Trek assez grisant.
Nous passons le reste de la journée dans Berlin : East Side Gallery où je découvre un nouveau nounours à côté duquel me faire prendre en photo


le Mauerpark


et le quartier de Prenzlauenberg



Je mange une glace aux chamallows et fruits du dragon dans un salon de thé super conceptuel et je teste le KiBa, cocktail de cerise et banane dans la Kastanienallée. Nous retrouvons le groupe et repartons à Genshagen. Remarque : les polonais sont vraiment très polis. Vraiment plus polis que les français ou les allemands qui prennent aussi vite que possible leur place dans un taxi, tant pis s'ils laissent les filles attendre à la gare. Mais peut être parce que les polonais ont une bouteille de vodka pour s'occuper...
De retour au château commence dans le pub (ah j'ai omis de vous dire qu'il y avait un pub en self service ? Au temps pour moi !) une des plus grosses beuveries que j'ai vu de ma vie. Promis, j'ai été très sage, par contre les gens autour de moi ont décanillé 5 bouteilles de vodka pour 8 personnes dans la soirée. Eh ouai. Et après tout ça, au moment où je pensais vraiment que les polonais avaient touché le fond, Konrad vient m'expliquer que François Hollande devrait vraiment réformer le système fiscal et les retraites en France. Ils mangent des éponges au petit déjeuner, ou bien ??

JOUR 5 C'est le jour sur le nucléaire. Le prof polonais venait du Bureau pour la Réduction des Emissions (rebaptisé en Bureau pour la Transition vers une Economie Décarbonée) et était plutôt pessimiste pour la Pologne qui ne peut pas tellement s'offrir le nucléaire et en même temps ne veut pas accroître sa dépendance en gaz russe. Sinon, la Jägermeister, vous connaissez ?

JOUR 6 Le jour sur les énergies renouvelables. Le jeu de rôle sur la mise en service d'une éolienne dans une réserve Natura 2000 était hilarant. Le représentant de l'entreprise Vattenfall faisait froid dans le dos tellement il était convaincant face aux gugus de l'ONG "No killing birds".

JOUR 7 Le jour sur les négociations pour le climat. Mon jour préféré :) Egalement le jour où j'ai appris à l'ingénieur nucléaire polonais que j'étais membre de Greenpeace. Il a fait la même tête que lorsqu'il a appris aux allemands qu'il était ingénieur dans le nucléaire.

JOUR 8 Dernier cours magistral sur la géopolitique européenne de l'énergie. L'après-midi nous étudions en atelier les différents projets de gazoducs en Europe. Cela fait drôle de voir la semaine se terminer...La soirée devait se finir en barbecue mais il pleut, donc nous mangeons les saucisses et autres joyeusetés cuites au grill électrique ! Dernière soirée au pub et le lendemain matin nous faisons nos bagages...

Je ne connaissais pas le concept d'université d'été, à part celles proposées par les grands rendez-vous des partis politiques ou des associations. La Genshagen Summer School était d'autant plus particulière qu'elle était gratuite, qu'elle concernait les citoyens du Triangle de Weimar avant tout et qu'elle s'est déroulée dans un cadre extraordinaire, un château coupé du reste du monde...
C'était assez incroyable de se retrouver entre membres d'ONG, politologues et ingénieurs en énergie et finalement de ne discuter que de politique et d'énergie pendant plus d'une semaine.
J'imagine cependant que sur nos visages dans le train pour Berlin, on ne lisait pas seulement "je reviens d'une université d'été et c'était intellectuellement très stimulant".
Sur le mien en tous cas, on pouvait clairement lire "j'ai encore rencontré des gens formidables et que je suis triste de laisser, j'espère vraiment qu'on pourra se revoir un jour".

vendredi 21 septembre 2012

Ich fahre nach Berlin !

Après un peu plus d'un an d'absence depuis mon chantier international, je suis de retour à Berlin.
C'est très bizarre de repasser par ces endroits où j'ai vécu tellement de choses l'année dernière...et j'y viens dans un tout autre état d'esprit ce qui me donne un peu l'impression d'avoir pris 10 ans d'âge...ou au moins 3...bref vous avez compris l'idée !

Je rejoins mon amie Yijiao à Köpenick, dans la périphérie Est de Berlin(pour la famille qui tente de suivre : Yijiao est en master avec moi à Sciences Po mais elle fait sa deuxième année à Berlin, c'est le double diplôme Sciences Po - Freie Universität von Berlin).
J'avais oublié que tout trajet à Berlin durait minimum 45 minutes vu l'étendue de la ville.
J'arrive chez Yijiao où je rencontre son copain et nous partons rejoindre Theresa dans un bar à tapas. Enfin, ça, c'était le plan. Le bar à tapas étant fermé, nous finissons dans un Kneipe (petit bar du coin)  avec une Currywurst (la fameuse saucisse-ketchup-curry avec les frites les plus grasses de la création) (juste après celles des pains américains de Saint Leu).

 Le lendemain je pars bourlinguer dans Berlin, revoir ces lieux que j'aime tant et découvrir ceux que je n'avais pas vus l'année dernière. En vrac :
Le marché turc de Schönleinstrasse au bord de l'eau


 Hackescher Markt
 L'office de la Poste
 La Neue Synagogue
 La Nikolaikirche


Le soir je rejoins Yijiao dans le quartier de Kreuzbreg, près de l'IJGD où j'allais prendre mes cours d'allemand l'année dernière. Nous allons ensemble au Freischwimmer, un bar très conceptuel puisqu'il se trouve situé au dessus d'une écluse, près d'un saule pleureur. Ambiance "chic/alternatif" comme c'est de plus en plus le cas à Berlin : ça reste alternatif/conceptuel/un truc de ouf mais ça devient de plus en plus hype alors le standing et les prix augmentent.
Je me souviendrai de ce moment mémorable où Theresa nous a obtenu des nachos gratuits parce qu'elle s'est plainte auprès du chef de la portion minuscule servie pour 5€ !

Une chouette soirée encore une fois, avant de partir pour une nouvelle aventure au château de Genshagen...

Lost in translation

Je suis arrivée à Mayence un joli 17 août et ma colloc Sarah m'a sauvé la vie aka elle est venu me chercher à la gare en voiture.

Je vis désormais dans un coin un peu caché et spécial de Mayence : une colloc coincée entre un Best Western, un jardin pour enfants musulmans et un cimetière juif du Moyen Âge.
 J'ai une chambre d'une taille indécente dans une petite maison partagée en plusieurs WG (Wohngemeinschaft = collocation).
A mon étage, nous sommes 6 : Sarah, Meike, David, Nico, Kilian et moi.
3 filles, 3 mecs, un appartement tout équipé et un super Putzplan qui dit qui doit nettoyer quoi chaque semaine. Le bonheur, ça commence par un chouette endroit où poser ses bagages pour de bon :)

 J'ai tout de suite été appelée au bureau pour rencontrer mes collègues et déterminer quand est-ce que je pourrai rejoindre le séminaire de formation, puisque je ne peux pas rejoindre le groupe qui m'a été affilié, étant inscrite à une université d'été à Berlin...

Bref, premiers jours à Mayence que je visite avec Betty, la volontaire que je vais remplacer, et Eva et Hélène qui travaillent encore au bureau pour quelques temps. Promenade dans la vieille ville avec ses jolies maisons à colombages, farniente sur des transats sur la plage au bord du Rhin...

Ces premiers jours sont un peu difficiles à suivre pour mon pauvre cerveau qui endure un méchant réveil après 2 mois et demi de vacances à la Réunion...il faut parler allemand. Il faut écouter quand on me parle et comprendre, puis élaborer une réponse appropriée. Mon cerveau n'étant pas très coopératif, je vous écrirai de nouveau quand il aura fini de bouder et de faire sa "mute phase".