dimanche 9 décembre 2012

2ème Séminaire à la Maison Oberlein en Alsace

Pour ce 2ème séminaire, je voulais partir un peu plus tôt avec Aline, histoire de revoir le groupe avec qui nous avions passé le séminaire d'introduction dans notre volontariat. Pour une raison de date, j'étais à l'Université d'été de Genshagen lorsque j'aurais dû avoir mon premier séminaire, du coup je n'étais pas avec "mon groupe".

Bref, je suis partie un vendredi soir après le travail prendre mon train pour aller à Wittlich chez Aline. Nous sommes ensuite parties en voiture le lendemain matin, il faisait à peine 1°C. Sur la route nous jubilons en voyons le panneau FRANCE et nous montons allègrement les virages qui nous mènent dans les Vosges alsaciennes. Mais la voiture d'Aline n'est pas aussi joyeuse que nous et arrivée dans la neige au sommet, à 5mn de la Maison Oberlein où nous devons passer la semaine, elle patine dans la montée et ne veut plus avancer. Aline est obligée de la garer en bas de la pente et nous marchons dans la neige avec nos sacs, valises et caisses de courses pour le séminaire (Jochen, notre "moniteur" nous avait déléguer la tâche d'acheter le vin pour la dernière soirée) en quête de la maison. Suivant un panneau trompeur, nous montons une affreuse pente glissante, pour que les riverains (tous droit sortis de L'Amour est dans le pré) nous indiquent que c'est le mauvais chemin car il est condamné. 1h plus tard, après des larmes de rage dans la neige et le verglas, nous arrivons tout de même à la Maison Oberlein (que j'avais entrevue brièvement sur un prospectus, et c'est ce qui nous a sauvé la vie) (sinon on m'aurait peut être retrouvée morte 3 semaines plus tard, gisante sous les bouteilles de Riesling, gelée, avec une jambe en moins dévorée par les chiens sauvages).







Nous retrouvons nos amis du groupe même si nous sentons que l'ambiance a changé sans nous et qu'ils ont un peu fait leur vie. On commence à nous expliquer que la vie dans la maison est géniale mais que vue son mode de fonctionnement la semaine va s'apparenter un peu à Koh Lanta.

 




La Maison du Pasteur Oberlein a effectivement une philosophie bien particulière. Après la guerre, là où tant de jeunes allemands et français étaient morts, il fallait créer un lieu de rencontres internationales pour qu'ils puissent apprendre à se connaître, s'aimer, créer l'Europe et faire des bébés Erasmus ensemble. En gros. Et puis ses fondateurs ont refusé de la relier à Fessenheim à côté, et ont installé des panneaux solaires et des générateurs au charbon avec batteries. 
Et comme, oh oui parfois ça arrive en hiver, il NEIGE (prévenez TF1 on a un scoop !!), la maison ne produit pas beaucoup d'électricité à partir du solaire. Du coup, on marche sur les batteries à partir de 23h, les sèches cheveux qui consomment énormément sont bannis, il y a de petits chauffes-eau à bois pour l'eau des douches. Le hic c'est que le poële à bois pour la douche des filles étant cassé, soit elles se douchent à 14-20°C, soit elles ne se douchent pas. Les filles du groupe Sud ont fait leur choix apparemment puisqu'elle nous ont directement dit qu'elle avaient pris 2 douches dans la semaine...
Et là je me dis "La semaine va être longue". Heureusement, j'ai réussi à moner un lobby pour l'hygiène dans mon groupe (tout de suite on s'entend mieux !) parce que ma 1ère tentative de faire du feu (mais je l'ai fait !) s'est avérée être un échec (je me suis plantée une énorme écharde dans la main en sciant mon bois, ça s'est infecté, j'avais mal et en plus l'eau de ma douche est restée froide et j'ai décidé que la vie ne m'aimait pas). Finalement en s'organisant et en tirant profit de la maligne fierté dont se faisait les mecs à aller couper du bois ("moi homme fort, couper du bois pour ta douche, femme !"), on a réussi à se doucher tous les soirs, je me suis même lavé les cheveux 2 fois dans la semaine.
Et la semaine est passée très vite, pleine d'activités interculturelles, de jeux pour faire connaissance avec mon nouveau-vrai-groupe-pour-la-vie. J'avais déjà de grosse affinités avec les français puisque Raphaël et Frédéric sont 2 volontaires à Mayence comme moi, Martin qui est à Wiesbaden vient toutes les semaines à Mayence et on fait des soirées ensemble, j'ai rencontré pas mal des autres français lors de la manif à Mayence. Le groupe des allemands est plein de filles très sympa et avenantes et les garçons sont aussi très ouverts. Et puis quand on passe 7 jours H24 ensemble, qu'on s'est présenté nos lieux de mission de façon humoristique et qu'on a fait plein d' energizers ensemble, on crée vite des liens. Pascal, Martin et Juliane une allemande, avaient aussi organisé pendant un après-midi le jeu du repas insolent. En gros, il s'agissait de se répartir en différent groupe constituant la population mondiale et de s'asseoir à des tables avec des symboles de ce que l'on produit et de l'argent, des ressources que l'on a. Il faut ensuite essayer de s'échanger ces ressources contre de la nourriture, passer par la case OMC, etc. C'était super instructif et vraiment drôle à jouer.
Nous avons aussi fait des trucs bizarres, comme faire une randonnée dans la neige et dans la nuit, des fois je me suis demandé POURQUOI ??

Mais voilà on est un peu comme une secte qui suit son gourou, Jochen. La où je me suis dit qu'on ressemblait VRAIMENT à une secte c'était pour la soirée de Noël. Le soir de la St Nicolas, on a chacun mis un cadeau dans une hotte, et nos pantoufles devant la cheminée. Nous sommes entrés dans la grande salle où nous nous sommes assis par terres sur des coussins. Nikolaus (St Nicolas en allemand) dormait, alors nous avons chanté des chants de Noël pour le réveiller. Mais le Père Fouettard a volé les cadeaux des enfants ! Alors St Nicolas est allé chercher son âne pour le rattraper ! Alors arrive une étrange créature longue et filiforme, vêtue de bleu comme une danseuse orientale... c'est Jochen déguisé en Christkind, l'ange de Noël ! Il vient partager du chocolat avec nous en susurrant des mots en franco-allemand que seuls nous pouvons comprendre, il invente des mots parfois ("partagieren") et s'adresse à nous de manière très personnelle. Et puis, nous avons vécu l'Illumination. A savoir qu'il a enflammé un dôme de sucre au dessus d'une casserole de vin chaud dans le noir. Je pense que qui n'a pas vécu un éco-volontariat dans sa vie ne peut pas comprendre ce qui s'est passé dans nos têtes à ce moment précis :)

L'éco-volontariat, quand on est pas seulement avec des hippies pieds nus qui se font un poncho à partir d'une couette et une robe à partir d'un paréo et d'une ceinture, c'est un peu un monde de bisounours qui essaie de refaire le monde. Ce deuxième séminaire était un peu une prise de conscience pour moi, à savoir que je vis aussi une expérience collective. Je fais partie d'un groupe, d'une petite famille, je ne suis pas seulement une stagiaire quelconque dans une ONG. 
Je fais partie de ce groupe et nous avançons ensemble dans notre rêve de "changer" notre manière de vivre pour la rendre plus en accord avec nos principes. L'écologie c'est de la politique mais ça vient aussi beaucoup des comportements individuels. Et charité bien ordonnée commençant par soi-même, c'est important de se questionner soi-même sur sa manière de consommer, de vivre.
Je dois dire que je vois vraiment les changements que j'ai apportés dans ma vie jusque là : j'ai beaucoup plus de conscience de ce que j'achète ou de ce que je mange, quand j'achète une brique de lait ou des oeufs, je ne choisis plus le bio parce que j'aime bien le vert et parce que ça fait mieux, mais parce que je pense à comment les poules ont été élevées et aux céréales peut être OGM et antibiotiques qu'a ingéré la vache. J'essaie désormais vraiment de réduire ma consommation de viande lorsque je mange dehors (puisque je n'en cuisine que trèèès rarement chez moi), je suis devenue encore plus créative dans ma cuisine pour ne pas gâcher le poireau jauni ou la pomme flétrie qui trainent dans le bac à légumes.

Peut être est-ce plus facile de changer sa consommation en Allemagne où la vie est beaucoup moins chère qu'en France. Ce qui est sûr c'est que je ne serai probablement plus la même à la fin de cette année. Mais même de retour en France, je ne me sentirai plus seule à lutter contre les assiettes de pique-nique en carton ou les sachets distribués en masse à la caisse. Parce que quelque part, j'aurai quand même une petite famille qui pense comme moi et me soutient dans mon combat quotidien.Et ça, ça fait du bien, parce qu'être seule à vouloir "sauver les pandas", c'est dur.

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